Tales of Mystery and Imagination

Tales of Mystery and Imagination

" Tales of Mystery and Imagination es un blog sin ánimo de lucro cuyo único fin consiste en rendir justo homenaje a los escritores de terror, ciencia-ficción y fantasía del mundo. Los derechos de los textos que aquí aparecen pertenecen a cada autor.

Las imágenes han sido obtenidas de la red y son de dominio público. No obstante, si alguien tiene derecho reservado sobre alguna de ellas y se siente perjudicado por su publicación, por favor, no dude en comunicárnoslo.

Showing posts with label Émile Erckmann. Show all posts
Showing posts with label Émile Erckmann. Show all posts

Émile Erckmann - Alexandre Chatrian: L’araignée-crabe

Émile Erckmann, Alexandre Chatrian, L’araignée-crabe, Relatos de terror, Horror stories, Short stories, Science fiction stories, Anthology of horror, Antología de terror, Anthology of mystery, Antología de misterio, Scary stories, Scary Tales, Science Fiction Short Stories, Historias de ciencia ficcion, Donald A. Wollheim, Mimic, Tales of mystery, Salomé Guadalupe Ingelmo


Les eaux thermales de Spinbronn, situées dans le Hundsrück, à quelques lieues de Piermesens, jouissaient autrefois d’une magnifique réputation. Tous les goutteux, tous les graveleux de l’Allemagne s’y donnaient rendez-vous : l’aspect sauvage du pays ne les rebutait pas. On se logeait dans de jolies maisonnettes au fond du défilé ; on se baignait dans la cascade, qui tombe en larges nappes d’écume de la cime de rochers ; on buvait une ou deux carafes d’eau minérale par jour, et le docteur de l’endroit, Daniel Hâselnoss, qui distribuait ses ordonnances en grande perruque et habit marron, faisait d’excellentes affaires.
Aujourd’hui, les eaux de Spinbronn ne figurent plus au Codex ; on ne voit plus, dans ce pauvre village, que de misérables bûcherons, et, chose triste à dire, le Dr Hâselnoss est parti !
Tout cela résulte d’une suite de catastrophes fort étranges, que le conseiller Brêmer, de Pirmesens, me racontait l’autre soir.
– Vous saurez, maître Frantz, me dit-il, que la source de Spinbronn sort d’une espèce de caverne, haute d’environ cinq pieds et large de douze à quinze ; l’eau a soixante-sept degrés centigrades de chaleur... elle est saline. Quant à la caverne, toute couverte audehors de mousse, de lierre et de broussailles, on n’en connaît pas la profondeur, attendu que les exhalaisons thermales empêchent d’y pénétrer.
» Cependant, chose singulière, on avait remarqué, dès le siècle dernier, que des oiseaux des environs, des grives, des tourterelles, des éperviers, s’y engouffraient à plein vol, et l’on ne savait à quelle influence mystérieuse attribuer cette particularité.
» En 1801, à la saison des eaux, par une circonstance encore inexpliquée, la source devint plus abondante, et les baigneurs qui se promenaient au bas, sur la pelouse, virent tomber de la cascade un squelette humain blanc comme la neige.
» Vous jugez, maître Frantz, de l’effroi général ; on crut naturellement qu’un meurtre avait été commis les années précédentes à Spinbronn, et qu’on avait jeté le corps de la victime dans la source... Mais le squelette ne pesait pas plus de douze livres, et Hâselnoss en conclut qu’il devait avoir séjourné dans le sable plus de trois siècles, pour être réduit à cet état de dessiccation.
» Ce raisonnement, très plausible, n’empêcha pas une foule de baigneurs d’être désolés d’avoir bu de l’eau saline et de partir avant la fin du jour ; les plus véritablement goutteux et graveleux se consolèrent... Mais la débâcle continuant, tout ce que la caverne renfermait de débris, de limon et de détritus fut dégorgé les jours suivants ; un véritable ossuaire descendit de la montagne : des squelettes d’animaux de toute sorte... de quadrupèdes, d’oiseaux, de reptiles... bref, tout ce qui se pouvait concevoir de plus horrible.
» Hâselnoss fit paraître aussitôt un opuscule, pour démontrer que tous ces ossements provenaient d’un monde antédiluvien ; que c’étaient des ossements fossiles accumulés là dans une sorte d’entonnoir pendant le déluge universel... c’est-à-dire quatre mille ans avant le Christ, et que, par conséquent, on pouvait les considérer comme de véritables pierres, et qu’il ne fallait pas s’en dégoûter... Mais son ouvrage avait à peine rassuré les goutteux, qu’un beau matin, le cadavre d’un renard, puis celui d’un épervier avec toutes ses plumes, tombèrent de la cascade.

Émile Erckmann - Alexandre Chatrian: L'oeil invisible ou l'auberge des trois-pendus



I
Vers ce temps-là, dit Christian, pauvre comme un rat d'église, je m'étais réfugié dans les combles d'une vieille maison de la rue des Minnesoenger, à Nuremberg.

Je nichais à l'angle du toit. Les ardoises me servaient de murailles et la maîtresse poutre de plafond ; il fallait marcher sur une paillasse pour arriver à la fenêtre, mais cette fenêtre, percée dans le pignon, avait une vue magnifique ; de là, je découvrais la ville, la campagne ; je voyais les chats se promener gravement dans la gouttière, les cigognes, le bec chargé de grenouilles, apporter la pâture à leur couvée dévorante, les pigeons s'élancer de leurs colombiers, la queue en éventail, et tourbillonner sur l'abîme des rues. Le soir, quand les cloches appelaient le monde à l'Angelus, les coudes au bord du toit, j'écoutais leur chant mélancolique, je regardais les fenêtres s'illuminer une à une, les bons bourgeois fumer leur pipe sur les trottoirs, et les jeunes filles, en petite jupe rouge, la cruche sous le bras, rire et causer autour de la fontaine Saint-Sébalt. Insensiblement tout s'effaçait, les chauves-souris se mettaient en route, et j'allais me coucher dans une douce quiétude.

Le vieux brocanteur Toubac connaissait le chemin de ma logette aussi bien que moi, et ne craignait pas d'en grimper l'échelle. Toutes les semaines, sa tête de bouc, surmontée d'une tignasse roussâtre, soulevait la trappe, et, les doigts cramponnés au bord de la soupente, il me criait d'un ton nasillard :
- Eh bien ! eh bien ! maître Christian, avons-nous du neuf ?

Tales of Mystery and Imagination